Depuis quelques années, les discours ouvertement misogynes et masculinistes ne cessent de se multiplier dans l’espace public, notamment sur les réseaux sociaux. Longtemps cantonnées à des sphères marginales, ces idées s’installent désormais dans des débats de société, gagnent en visibilité et influencent les mentalités. Ce phénomène n’est pas anodin : il constitue un véritable danger pour les droits des femmes et le combat pour l’égalité.

Une parole décomplexée, mais pas nouvelle
Le discours masculiniste repose sur une idée simple et fausse : les hommes seraient aujourd’hui les véritables victimes, notamment du féminisme, des lois contre les violences conjugales ou de la supposée « toute-puissance » des femmes dans les relations. Cette posture victimaire se nourrit d’un fantasme de déclin de la masculinité, présenté comme une injustice majeure.
Ce discours n’est pas nouveau. Il a toujours existé dans les périodes de progrès des droits des femmes. Ce qui change aujourd’hui, c’est l’audience que ces discours rencontrent et la manière dont ils se diffusent, notamment grâce aux influenceurs, aux podcasts virilistes, à certaines chaînes YouTube, ou encore à des personnalités médiatiques qui flirtent avec ces idées. Sans parler des dirigeants ouvertement misogynes qui gouvernent le monde…
Internet, amplificateur de haine
Sur les réseaux sociaux, les propos sexistes et antiféministes se propagent à grande vitesse. Les algorithmes favorisent les contenus polarisants et émotionnels, et les discours misogynes jouent précisément sur ces ressorts : moqueries envers les femmes, dénigrement des victimes de violences, remise en cause des lois sur l’égalité, appels au retour à un ordre « naturel » où l’homme domine.
Certains forums ou groupes en ligne se radicalisent, allant jusqu’à encourager la haine des femmes (communautés « red pill », « incel », etc.). Cette haine, bien que virtuelle, peut avoir des conséquences bien réelles : cyberharcèlement, intimidation, et parfois passage à l’acte.
Une remise en question des acquis féministes
Les discours masculinistes ne se contentent pas de critiquer le féminisme. Ils cherchent à le décrédibiliser, à le tourner en ridicule, voire à le faire passer pour une idéologie dangereuse. Ils remettent en cause :
• Le principe même de l’égalité,
• La reconnaissance des violences sexistes,
• Le droit des femmes à disposer de leur corps,
• Les politiques publiques en faveur des droits des femmes.
En s’imposant dans le débat public, ces discours fragilisent les acquis obtenus de haute lutte. Ils créent un climat où les femmes doivent encore se justifier d’exiger l’égalité.
Une jeunesse en quête de repères
Ce qui inquiète particulièrement, c’est l’audience que ces discours trouvent auprès d’une partie de la jeunesse, en particulier masculine. Face à une société en mutation, certains jeunes hommes peuvent se sentir perdus, dévalorisés, ou en quête d’un modèle. Le discours masculiniste leur propose une réponse simpliste, violente, basée sur le rejet de l’autre plutôt que sur une réflexion constructive sur les rapports de genre.
C’est aussi une alerte pour les milieux éducatifs, les familles, les institutions : il est urgent de mieux parler de l’égalité, de former à l’esprit critique, et de proposer d’autres modèles de masculinité, non violents, égalitaires, respectueux.
Résister : un enjeu collectif
L’ampleur de ces discours ne doit pas nous paralyser, mais nous alerter et nous engager à réagir. Il s’agit de rappeler que l’égalité entre les femmes et les hommes est un droit fondamental, pas une opinion.
Face à la montée de ces idées, il faut :
• Soutenir les voix féministes,
• Former les jeunes à reconnaître les discours de haine et à y résister,
• Responsabiliser les plateformes numériques sur leurs algorithmes,
• Refuser toute banalisation des propos sexistes, même sous couvert d’« humour » ou de « liberté d’expression ».
Conclusion :
Les discours misogynes et masculinistes ne sont pas de simples « excès » d’Internet : ils participent activement à renforcer les inégalités, à fragiliser les victimes, et à ralentir les progrès vers une société plus juste. Il est temps d’y répondre clairement, collectivement, et sans complaisance.
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