
On pense souvent qu’une fois la séparation prononcée, la page est tournée. Que la victime est enfin libre. Mais dans de nombreux cas, la violence continue — parfois plus sournoise, parfois plus brutale. Cette violence, appelée violence post-séparation, est une réalité encore trop peu reconnue.
Elle s’inscrit dans une logique de reprise de contrôle, de punition, ou de harcèlement de la part de l’ex-conjoint. Et elle peut avoir des conséquences graves, notamment lorsque des enfants sont impliqués.
Formes de violence post-séparation
La violence post-séparation peut prendre plusieurs formes, souvent combinées :
- Harcèlement moral ou psychologique : messages incessants, reproches, menaces voilées, surveillance à distance.
- Violence économique : refus de verser la pension alimentaire, blocage de comptes communs, non-paiement des dettes partagées.
- Instrumentalisation des enfants : menaces de ne plus les voir, tentative de les dresser contre l’autre parent, non-respect du droit de visite.
- Procédures judiciaires abusives : multiplication de plaintes ou de recours pour maintenir un lien conflictuel et user psychologiquement la victime.
- Violence physique ou menaces : dans certains cas, l’agresseur peut continuer à intimider, voire agresser physiquement, après la séparation.
- Surveillance numérique ou filature : utilisation des technologies pour garder un œil sur la victime, même à distance.
Pourquoi ça continue ?
Pour beaucoup d’agresseurs, la séparation n’est pas une fin, mais une perte de contrôle inacceptable. Ils cherchent alors à maintenir une forme de lien — toxique — avec leur ex-compagne, coûte que coûte.
Dans le cas d’un pervers narcissique ou d’un homme violent dans un schéma d’emprise, la séparation peut être vécue comme une humiliation ou une menace à son pouvoir. Il s’ensuit alors une tentative de reprise de pouvoir par d’autres moyens : les enfants, l’argent, les procédures…
Les enfants, otages de la violence
La violence post-séparation touche souvent les enfants, même indirectement. Ils peuvent devenir des outils de chantage, de manipulation ou de vengeance. Certains enfants sont forcés à choisir leur camp, à mentir, ou sont exposés à une tension constante entre leurs parents.
Cette situation est particulièrement préoccupante lorsque la justice, par manque de preuves ou de compréhension, impose une coparentalité avec un homme violent, mettant en danger la mère et l’enfant.
Ce que vivent les victimes
Les femmes qui subissent cette violence après la séparation parlent de :
- Peur permanente : peur de recroiser leur ex, d’être suivie, harcelée.
- Épuisement émotionnel et administratif : répondre à des convocations, des plaintes, des mails agressifs… constamment.
- Sentiment d’injustice : se battre encore et encore, même après avoir eu le courage de partir.
- Solitude : car « officiellement », elles sont séparées — donc supposées en sécurité.
Comment se protéger ?

Voici quelques pistes essentielles :
- Documenter tous les faits : mails, messages, menaces, démarches abusives… tout garder.
- Faire appel à des associations spécialisées, notamment pour l’accompagnement juridique.
- Demander une ordonnance de protection, si nécessaire.
- Soutenir ses enfants, en les mettant à l’abri, en les écoutant, en évitant de les impliquer.
- Préserver ses comptes numériques : changer ses mots de passe, désactiver la géolocalisation, vérifier les appareils utilisés par les enfants.
- Faire appel à un avocat habitué aux violences conjugales et post-séparation.
Conclusion : la séparation n’est qu’un début
Quitter un homme violent est une victoire, mais ce n’est souvent que la première étape. Le chemin vers la liberté demande du temps, de la force, et parfois un accompagnement.
Reconnaître la violence post-séparation, c’est nommer une réalité encore trop banalisée. Et c’est, collectivement, protéger réellement celles qui ont déjà tout risqué pour partir.
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