
Parler de violence sexuelle au sein du couple reste difficile. Parce qu’il s’agit de sexualité, parce qu’il s’agit d’un partenaire supposé proche, de quelqu’un avec qui on partage son intimité, sa maison, parfois ses enfants. Et pourtant, cette violence existe, elle est bien réelle, et elle fait des ravages dans le silence.
Être en couple ne donne pas le droit de disposer du corps de l’autre.
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Qu’est-ce que la violence sexuelle dans le couple ?
C’est toute situation où l’un des partenaires impose à l’autre des gestes, des actes ou des pratiques sexuelles sans son consentement libre, clair et enthousiaste. Cela peut prendre des formes très différentes :
• Rapports sexuels imposés ou sous pression, même sans violence physique.
• Menaces ou chantage pour obtenir un acte sexuel.
• Violence pendant les rapports, sans tenir compte du refus ou de la douleur de l’autre.
• Refus d’utiliser une protection malgré la demande.
• Forcer ou manipuler pour des pratiques sexuelles non désirées.
• Attouchements imposés, y compris durant le sommeil ou hors contexte intime.
• Filmer ou photographier sans consentement, ou menacer de diffuser des images.
• Nier le refus, culpabiliser, minimiser (« tu exagères », « c’est normal entre nous », « tu es coincée »).
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Ce que dit la loi
En France, depuis 2010, le viol entre époux est reconnu par la loi. Le consentement sexuel est indispensable, même dans une relation engagée, même si on est mariée, même si on a eu une vie sexuelle partagée auparavant.
L’absence de consentement annule toute idée de “devoir conjugal”.
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Pourquoi c’est si difficile à reconnaître ?
Parce que les victimes :
• Pensent que ce qu’elles vivent est “normal” dans un couple.
• Ont peur de ne pas être crues ou d’être jugées.
• Aiment leur partenaire malgré tout.
• Se sentent responsables ou honteuses.
• Sont dans une situation de dépendance (économique, affective, administrative).
• Sont parfois sous emprise psychologique, avec un agresseur qui les manipule ou minimise les faits.
La violence sexuelle conjugale est aussi l’une des plus difficiles à verbaliser : il s’agit du corps, de l’intimité, et souvent, de quelque chose qui s’est passé dans le silence, entre quatre murs.
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Les conséquences pour la victime

Les effets peuvent être profonds et durables :
• Troubles du sommeil, angoisses, dépression.
• Douleurs physiques chroniques, troubles gynécologiques.
• Perte de confiance en soi, culpabilité intense.
• Isolement, honte, sentiment d’impuissance ou de dégoût de soi.
• Blocage sexuel ou dissociation (se couper de son corps).
• Et parfois, impossibilité de parler de ce qu’il s’est passé, même des années après.
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Comment reconnaître qu’il s’agit de violence sexuelle ?
Si tu te poses des questions, voici quelques signes qui peuvent alerter :
• Tu ressens du malaise, de la peur ou du rejet à l’idée d’un rapport sexuel avec ton partenaire.
• Tu cèdes pour “avoir la paix”, pour “qu’il ne s’énerve pas”, ou pour “ne pas qu’il parte”.
• Tu n’oses pas dire non, ou quand tu le fais, il ne l’écoute pas.
• Tu te sens utilisée, ou ton plaisir est totalement ignoré.
• Tu as l’impression que ton corps ne t’appartient plus.
Dans tous ces cas, ce que tu vis n’est pas normal. Ce n’est pas ta faute. Et tu n’es pas seule.
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Comment se protéger, comment s’en sortir ?

Sortir de cette violence demande du temps, du soutien, de la bienveillance. Voici quelques premières étapes :
• Reconnaître que ce que tu vis est une forme de violence.
• En parler, si possible, à une personne de confiance, ou à une association spécialisée.
• Contacter un professionnel : médecin, psychologue, sage-femme, avocat, travailleur social.
• Garder des traces, si tu envisages un jour des démarches juridiques (journal, messages, certificats médicaux…).
• Prendre soin de ton corps, de ton intégrité, même par des gestes simples de douceur ou de repos.
• Demander de l’aide pour sortir de l’emprise, en sécurité, étape par étape.
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Tu as le droit de dire non. Tu as le droit de partir. Tu as le droit de te reconstruire. La sexualité ne doit jamais être une obligation, ni un terrain de pouvoir, ni une arme. Elle doit être partagée, choisie, désirée, libre. Parler de la violence sexuelle au sein du couple, c’est briser un tabou. C’est offrir à celles qui souffrent en silence une porte de sortie, un espace de reconnaissance, une lumière. Et si tu lis ces lignes en te sentant concernée : tu n’es pas seule, et ce que tu ressens est légitime.
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