
Une femme, une mère, une vie volée
Le 4 mai 2021, Chahinez Daoud, 31 ans, est assassinée par son ex-mari en pleine rue à Mérignac, en Gironde. Devant des témoins impuissants, il la pourchasse, la frappe, l’arrose d’essence et la brûle vive. Cette scène d’une violence inouïe bouleverse la France mais, au-delà de l’horreur, l’assassinat de Chahinez Daoud révèle quelque chose de plus profond encore : un système défaillant, une femme abandonnée par les institutions, un féminicide évitable.
Un parcours de violences connu
Chahinez avait quitté son mari après avoir subi des violences physiques et psychologiques répétées. Elle avait porté plainte, obtenu une ordonnance d’éloignement, et signalé à plusieurs reprises que son ex-conjoint ne respectait pas les interdictions qui lui étaient imposées. La jeune femme avait même confié à son entourage : “Je sais qu’il va finir par me tuer.”
Son ex-mari avait déjà été condamné pour violences conjugales. Il était sous contrôle judiciaire, et pourtant, il avait pu acheter des armes, surveiller Chahinez, la menacer, sans que cela n’alerte les autorités sur la gravité du danger qu’elle encourait.
Un féminicide annoncé, une société interpellée
Ce féminicide a profondément choqué l’opinion publique car il aurait pu être évité. Les signaux étaient clairs, les démarches avaient été faites, les autorités étaient informées. Mais rien n’a protégé Chahinez.
Ce drame a mis en lumière les failles systémiques dans la gestion des violences conjugales en France :
• le manque de coordination entre justice, police et services sociaux,
• l’insuffisance des contrôles sur les conjoints violents,
• l’absence de réponse rapide malgré des alertes récurrentes,
• et le peu de moyens alloués à la protection des femmes en danger.
Une mobilisation nationale
Après sa mort, de nombreuses marches blanches ont eu lieu. Des voix se sont élevées pour réclamer des actes concrets, pas seulement des promesses. Le gouvernement a annoncé des mesures, notamment une enquête administrative, des ajustements sur le suivi des conjoints violents et l’accélération de certains dispositifs (bracelets anti-rapprochement, téléphone grave danger…).
Mais pour de nombreuses femmes, ces annonces ne suffisent pas. Chahinez n’est pas morte parce qu’on ne savait pas, mais parce qu’on n’a pas agi à temps.
Ce que son histoire nous dit
Chahinez aimait la vie. Elle était mère de trois enfants. Elle riait fort, selon ses proches. Elle voulait se reconstruire, elle avait entrepris des démarches. Elle avait tout fait pour survivre.
Son histoire est celle de trop de femmes qui demandent de l’aide, qui sonnent à toutes les portes, qui n’attendent pas qu’on les sauve — mais juste qu’on les écoute, qu’on les croie, qu’on les protège.
Ne pas oublier Chahinez, c’est continuer à se battre pour les vivantes
Ce féminicide ne peut pas être un simple fait divers. Il doit rester un électrochoc collectif.
Parce que Chahinez ne voulait pas mourir.
Elle avait tout prévu, sauf l’indifférence.
Elle aurait dû être protégée.
Son nom, son courage doivent rester dans nos mémoires.
Pour elle, pour ses enfants et pour toutes celles qui, aujourd’hui encore, ont peur de ne pas être entendues.

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