
Une femme, une mère, une lanceuse d’alerte ignorée
Le 3 mars 2019, Julie Douib est assassinée par son ex-compagnon à L’Île-Rousse, en Corse. Il lui tire dessus à deux reprises, dans son appartement, après des années de harcèlement, de violences et de menaces. Julie avait signalé à plusieurs reprises le danger qu’il représentait, porté plainte, alerté la justice, les forces de l’ordre, ses proches. Elle avait tout tenté pour se protéger.
Et pourtant, elle est morte.
Un féminicide évitable
Julie Douib avait 34 ans. Elle était mère de deux enfants. Elle avait quitté son compagnon quelques mois auparavant, après dix ans d’emprise. Mais après la séparation, comme c’est souvent le cas, son ex conjoint s’est montré encore plus violent.
Julie avait porté plainte à plusieurs reprises. Elle avait déposé des mains courantes, elle avait demandé à récupérer les armes de son ex-compagnon : rien n’a suffi.
Son meurtrier était connu des services de police. Il était jaloux, menaçant, instable, et armé. Pourtant, malgré toutes les alertes, il a pu agir en toute liberté jusqu’au drame.
Une onde de choc nationale
La mort de Julie Douib a provoqué une prise de conscience brutale. Pour la première fois depuis longtemps, un féminicide faisait la une des journaux, non pas comme un fait divers, mais comme un symptôme systémique.
La voix de ses proches, et notamment celle de son père Lucien Douib, a été essentielle. Ils ont refusé le silence, dénonçant haut et fort les dysfonctionnements, les délais de la justice, le manque de protection accordée à leur fille.
Ils ont porté son nom, son histoire, son combat, dans toutes les instances possibles.
Un déclencheur politique : le Grenelle des violences conjugales
La mort de Julie Douib a été l’un des éléments déclencheurs du Grenelle des violences conjugales, lancé en septembre 2019 par le gouvernement. Ce Grenelle a permis d’ouvrir des discussions nationales, de réunir associations, professionnel·les, ministères, survivantes, pour proposer des mesures d’urgence.
Parmi les mesures engagées après cette affaire :
- le développement des bracelets anti-rapprochement,
- l’accès facilité aux ordonnances de protection,
- la création de lieux d’écoute spécialisés,
- et une « attention accrue portée à l’après séparation ».
Mais, comme beaucoup l’ont rappelé : ces avancées, toujours insuffisantes, sont nées dans le sang d’une femme qui n’aurait jamais dû mourir.
Ce que Julie laisse derrière elle
Julie n’est pas seulement un symbole. Elle était une femme forte, engagée, passionnée de sport, investie dans l’éducation de ses enfants. Elle rêvait de paix, d’équilibre, de sérénité.
Elle avait fait tout ce qu’on conseille de faire. Elle avait parlé, porté plainte, demandé de l’aide. Et elle n’a pas été protégée.
Son histoire n’est pas une exception. Agissons ensemble pour protéger les autres femmes !
Ne pas oublier Julie Douib, c’est honorer celles qui alertent
Julie voulait vivre. Elle avait déjà survécu. Elle pensait pouvoir tourner la page, mais l’inaction du système l’a condamnée. Son nom est désormais lié à un combat, une lutte à laquelle nous nous joignons, pour que plus jamais une femme ne meure après avoir demandé de l’aide. Pour que les mots des victimes et des survivantes soient enfin entendus, crus, suivis d’effets.
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