L’affaire dite « Daval », du nom de l’assassin, est l’un des féminicides les plus médiatisés en France. Derrière ce nom tristement célèbre, il s’agit de l’assassinat d’Alexia Fouillot, une jeune femme de 29 ans, tuée par son mari Jonathann Daval dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017 à Gray, en Haute-Saône. Le drame, d’abord présenté comme une disparition inquiétante, s’est révélé être un meurtre conjugal dissimulé derrière une mise en scène soigneusement orchestrée.

Une disparition qui bouleverse la France

Le 28 octobre 2017 au matin, Jonathann Daval déclare la disparition de son épouse, expliquant qu’elle est partie courir et n’est jamais revenue. Très vite, les recherches s’organisent. Famille, voisins, bénévoles, forces de l’ordre : tout le monde se mobilise. Trois jours plus tard, le 30 octobre, le corps calciné d’Alexia Fouillot est retrouvé dans un bois, non loin du domicile conjugal. Le cadavre étant très endommagé, il faudra plusieurs jours pour confirmer son identité.

Durant les semaines qui suivent, Jonathann Daval se montre effondré, s’affichant publiquement aux côtés des parents d’Alexia, participant aux marches blanches, pleurant devant les caméras. Il devient le visage du veuf inconsolable, et son image suscite une vague d’empathie.

Le basculement : l’aveu du mari meurtrier

Mais derrière les apparences, les enquêteurs soupçonnent des incohérences. En janvier 2018, après trois mois d’enquête et de discrètes surveillances techniques, Jonathann Daval est placé en garde à vue. Après 36 heures d’audition, il finit par avouer avoir tué son épouse lors d’une dispute. Il affirme alors l’avoir « étranglée accidentellement » avant de brûler partiellement son corps pour dissimuler le crime.

Rapidement, il se rétracte, puis accuse la famille d’Alexia d’un « complot familial ». Mais les preuves sont accablantes : son ADN, les éléments de téléphonie, ses contradictions et les résultats de l’autopsie (qui confirme un décès par strangulation) laissent peu de place au doute.

Le procès : un féminicide jugé

Le procès de Jonathann Daval s’ouvre le 16 novembre 2020 à la cour d’assises de Vesoul. Durant cinq jours, les débats sont éprouvants, notamment pour la famille Fouillot, toujours digne malgré l’horreur. Jonathann finit par reconnaître pleinement sa responsabilité. Il évoque des tensions conjugales, un sentiment d’humiliation, mais son récit ne justifie en rien l’acte meurtrier.

Le 21 novembre 2020, il est condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour meurtre sur conjoint. Aucune circonstance atténuante ne lui est reconnue. Ce verdict est accueilli avec soulagement par la famille d’Alexia, qui a toujours refusé de céder à la haine, tout en menant un combat pour la vérité.

Une figure emblématique des victimes de féminicide

Alexia Fouillot est devenue, malgré elle, un visage de la lutte contre les violences faites aux femmes. Son prénom a été scandé lors des marches pour dénoncer les féminicides, et son histoire a ému toute la France. Sa mère, Isabelle Fouillot, s’est exprimée à plusieurs reprises pour alerter sur les signes d’emprise, sur les violences invisibles, et sur l’importance d’écouter les femmes.

Ce drame a également contribué à sensibiliser l’opinion publique à la réalité des violences conjugales : un féminicide tous les trois jours en France. Derrière chaque chiffre, une histoire, une femme, une famille détruite.

Pour ne jamais oublier Alexia

La force et la dignité de la famille Fouillot ont marqué les esprits. Le combat pour Alexia continue, dans les luttes sociales et politiques pour faire reculer les violences faites aux femmes. Son nom, Alexia Fouillot, mérite d’être retenu non seulement comme celui d’une victime, mais surtout comme le symbole d’un réveil collectif face à l’inacceptable.

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