Lorsqu’une femme commence à parler des violences qu’elle subit ou qu’elle tente de se reconstruire, elle se retrouve souvent entourée de voix bien intentionnées… mais pas toujours aidantes. Les conseils pleuvent, parfois maladroits, souvent inadaptés, et peuvent même freiner le processus de libération. Apprendre à trier ce qui fait du bien de ce qui blesse est une compétence précieuse dans ce parcours.

Pourquoi certains conseils font plus de mal que de bien
La plupart des gens ne sont pas formés à comprendre les mécanismes de l’emprise ou les réalités des violences conjugales. Même s’ils veulent « aider », leurs mots peuvent minimiser, culpabiliser ou infantiliser. Par exemple :
• « Tu devrais lui pardonner, il n’a pas l’air si mauvais. »
• « Il faut penser aux enfants, tu ne peux pas tout gâcher. »
• « À ta place, je serais partie depuis longtemps. »
Ces phrases peuvent réveiller un sentiment de honte, d’échec ou de solitude chez la victime. Elles renvoient l’idée que le problème vient d’elle, de ses décisions, et non de la violence qu’elle subit ou a subie.
Reconnaître un bon conseil : les critères à garder en tête
Un bon conseil ne décide jamais à votre place. Il ne vous pousse pas à agir dans la précipitation ni à nier ce que vous ressentez. Il :
• Valide votre vécu, même s’il ne comprend pas tout.
• Respecte votre rythme, sans vous brusquer.
• Vous redonne du pouvoir, au lieu de vous faire sentir impuissante.
Un exemple ?
• « Tu n’es pas obligée de tout régler d’un coup, fais comme tu le sens. »
• « Tu peux te faire accompagner si tu veux, il y a des ressources fiables. »
• « Je ne peux pas imaginer ce que tu vis, mais je suis là si tu veux parler. »
Quelques conseils courants à prendre avec précaution
Voici une liste de phrases qu’on entend souvent, accompagnées d’un éclairage pour mieux s’en protéger :
• « Il t’aime sûrement à sa façon. »
→ L’amour ne justifie jamais la violence. Ce n’est pas de l’amour quand on fait du mal.
• « Les hommes sont tous un peu comme ça. »
→ Non. Les violences conjugales ne sont pas une fatalité, ni une norme.
• « Peut-être que tu es trop sensible. »
→ Cette phrase nie vos émotions et votre intuition. Être sensible, ce n’est pas être faible.
• « Tu devrais tourner la page. »
→ La reconstruction ne se fait pas à la commande. Chaque femme a son propre rythme.
Conseils pour faire le tri sans culpabiliser
• Faites confiance à votre ressenti. Si un conseil vous met mal à l’aise ou vous fait douter de vous, ce n’est sûrement pas le bon.
• Entourez-vous de personnes qui vous écoutent vraiment, pas de celles qui veulent avoir raison.
• Écrivez les conseils qui vous ont fait du bien : cela crée une boussole intérieure pour la suite.
• Osez poser des limites : « Merci, mais je préfère gérer ça à ma façon. »
Conclusion
Vous êtes la mieux placée pour savoir ce qui est bon pour vous. Dans un monde où tout le monde donne son avis, il est parfois difficile de s’écouter soi-même. Mais c’est votre expérience, votre histoire, votre chemin. Vous avez le droit de choisir ce qui vous nourrit… et de laisser de côté ce qui vous pèse. Trier les conseils, c’est aussi une manière de reprendre du pouvoir. Et chaque fois que vous le faites, vous avancez un peu plus vers votre liberté.
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